Décision ultime, suprême et sans appel, se donner la mort. L’on entendait parler de ces cas dans des milieux plutôt Bourgois, en Europe par exemple où les gens ont tendance, par moment, à se donner la mort. L’on se disait que ce sont des capricieux qui n’ont rien compris à la vie qui n’a point d’égale dans ce monde.
Mais hélas, le phénomène s’est amené en puissance dans notre pays et ce dans plusieurs localités. Selon le compte rendu fait par Wanep-Togo, au moins huit cas de suicides ont été enregistrés dans notre pays et une bonne douzaine d’homicides aussi depuis le début de cette année 2021.
La situation est suffisamment grave et même extrême pour nous alerter et en même temps indiquer que quelque chose de sérieux ne va pas dans notre pays.
En effet, nous savons tous que chaque peuple module son existence sur la base de sa culture, de ce qui est perçu en société comme bon ou mauvais, de ce qui peut être toléré ou non etc.
En cela, la vie humaine est ce qu’il y’a de plus sacré, en tout cas si l’on doit s’en tenir à l’éducation aussi bien scolaire que familiale ou même sociétale qui nous est prodiguée dans nos communautés. Ceci signifie clairement que dans notre existence, nous pouvons oser tout sauf se faire même l’idée d’enlever délibérément la vie à autrui et encore moins à soi même au risque de ne jamais « connaître le ciel », comme l’on le dit généralement dans ma communauté.
D’où vient donc que parmi les nôtres, au sein de nos communautés où les pesanteurs culturelles, les mœurs et coutumes sont aussi fortes, des citoyens en arrivent à se donner la mort, un acte dont on ne devrait jamais parler ?
Chercher à répondre à une telle question, c’est en même temps questionner le nouveau mode de vie qui caractérise notre société d’aujourd’hui, notamment au Togo où l’individualisme a littéralement conquis le terrain en lieu et place de la solidarité, de la complémentarité, de l’amour d’autrui, du partage aussi bien de biens que de connaissances.
L’heure me parait suffisamment grave et sonner l’alerte me semble être un acte minimal. Quelque chose de significatif et de déterminant doit être fait dans ce sens en urgence!
Il me souvient qu’il y’a plus d’une dizaine d’années, notre pays avait initié une journée de solidarité nationale. Quelle était la vision qui était en arrière plan d’une telle initiative pour qu’elle s’estompe juste après deux éditions seulement ?
L’expérience nous le montre à suffisance, aucun peuple au monde ne peut assurer son épanouissement réel sans un minimum de principes sacrosaints auxquels il tient sans négocier. Ce manque crucial de solidarité, d’empathie, de partage, d’amour entre les citoyens qui s’est enraciné au sein de notre société d’aujourd’hui est un phonème très grave qui laisse les individus à eux seuls, sans soutien, sans compassion au point où l’on n’est plus en mesure, lorsqu’il souffre d’un problème particulier, de se confier à son prochain ne serait-ce que pour se soulager moralement.
La précarité gravit les échelons et la vie humaine elle-même a du mal à prendre un sens dans le quotidien des individus. Les citoyens, en bon nombre, se demandent à quoi ils servent vraiment dans cette vie dès lors qu’ils ne trouvent aucun repère, aucune raison de se maintenir en vie et ne subissent que ses affres plutôt que de la vivre elle-même.
Une politique avisée et éclairée doit être initiée dans ce sens, cela me parait fondamental.
Luc Abaki